Montons sur nos grands chevaux !
Je dois être vieux jeux. D’une autre époque. Anachronique et obsolète. D’une époque où, au fur et à mesure de notre progression (cavalier club, puis demi-pension encadrée, achat du cheval, etc.), nous apprenions à vivre, à cohabiter, à devenir un petit peu cheval nous-mêmes.
Le cheval restait un cheval. Un animal de 500 kg avec son mode de fonctionnement, ses peurs, ses envies, son ressenti. Nous nous adaptions à lui et lui, par le dressage et la manipulation s’adaptait à nous. Tout doucement, tout en gardant notre individualité. Lui comme nous.
Après près de 30 années passées auprès de mes chevaux, je vous dirai que tous ont été les chevaux de ma vie, bien que la cohabitation eut été plus compliquée avec le premier, Chorus, inexpérience oblige. Figaro, qui guettait les crocodiles aux coins de la carrière, mais y allait quand même. Dusty, ma petite bombe grise toujours à lever le cul d’enthousiasme. Cadiz, la ronchon au grand coeur. Folie, ah ma folie, quelle folie ! Uzbek, y a plus de jus ! Et les autres... J’ai eu une relation particulière avec tous mes chevaux. Nous nous sommes bien amusés, nous avons beaucoup travaillé. Et seule leur mort nous a séparés.
Bon, c’est mon choix. C’est mon mode de fonctionnement. Il vaut ce qu’il vaut.
Maintenant, les choses ont changées. Le parcours du cavalier me semble différent.
La formation en club me parait moins complète qu’avant, moins rigoureuse. Mais plus ludique. Après l’équitation militaire, puis sportive, nous sommes entrés dans l’ère de l’équitation de loisirs. J’ai rien contre. Même si la publicité de la fédération me hérisse le poil. Bon, soit !
Bref, ce que je vois c’est de nombreux cavaliers qui descendent de leur chevaux. Des chevaux pratiquement plus au travail, ni dans le jeux d’ailleurs.
Franchement, je trouve tout cela d’une tristesse incroyable. J’en veux à la politique de la Fédération qui a laissé passer une dérive pareille. Car, finalement, vouloir ouvrir la pratique de l’équitation au plus grand nombre en promettant une progression facile et accessible à tous, c’était un énorme mensonge.
Du coup, les cavaliers, dégoûtés d’un enseignement classique de mauvaise qualité, se retournent vers l’éthologie ou le premier gourou équestre venu.
J’ai eu recours à l’éthologie avec l’un de mes chevaux pour lui faire passer un cap. Cela c’est très bien passé et à été bénéfique. Mais pour moi l’éthologie peut être un outil, mais pas un but. Et il y a des gourous bien dangereux pour les chevaux comme pour les cavaliers !
Finalement, tout le monde reste à pied...
Comme dit le proverbe : il faut mettre le pied à l’étrier. Car il n’y a pas de plus grand bonheur que de se mettre en selle, non ?
C’est le printemps, les chemins nous ouvrent leurs bras. Et si on partait en ballade ?