Loin des chevaux

C'est l'été. Nous avons quitté notre région picarde pour le plateau d'Albion. Région superbe mais bien mal taillée pour nos chevaux plus habitués aux vertes prairies normandes qu'à la rocaille blanche du Ventoux. Ici, seuls les chèvres et les moutons trouvent de quoi se sustenter dans les herbes maigres et épineuses.

Pour quelques semaines, il ne sont pas mon quotidien. J'ai tout délégué. Je suis tranquille : tout les problèmes seront bien gérés.

Pourtant, je les imagine. Ils redeviennent chevaux de merveilles imaginaires comme quand petite, ils hantaient déjà mon esprit. Ils redeviennent des licornes. J'attends déjà nos retrouvailles. Bouderie de fond de boxe ou ronron tendre, naseau tendu ?

Je sais déjà que Présence me boudera un peu, histoire de jouer sa marquise abandonnée. Mais elle ne pourra pas s'empêcher de me farfouiller du bout des lèvres dès que je lui tournerai le dos. Ensuite seulement, elle acceptera le bisou tant attendu dans ce petit creux si doux juste à la naissance des naseaux.

Trèglamour, elle, ne boudera pas. J'image déjà son galop si étonnement léger et tonique. Et quel ronron ! Un peu brutasse, elle viendra plaquer sa tête contre mon torse pour un gros frotte-frotte sur le front.

Voltige, je ne sais pas encore, car elle est toute neuve dans notre famille.

Figaro, lui, lèvera la tête bien haut et viendra vers moi au galop. Il s'arrêtera à un mètre mais n'acceptera pas les caresses de bon coeur tout de suite. Il faudra l'amadouer plus longtemps que les autres.

Ils sont comme ça. Mais, après ces quelques semaines, lorsque je serai sur la route des écuries, la petite chanson des retrouvailles chantera dans ma tête. J'aurai tout plein de projets, d'idées de travail, d'envies retrouvées. J'anticiperai le plaisir de se revoir.

Toubidou baaaaa. Toubidou baaaaa. Je reviens vers vous, je reviens vers vous après un beau voyage.